¤ Petite Neige Egarée ¤ [pv Aiko, Gomen Atsuko]

J'étais arrivé par bâteau. Enfin je crois. A moins que je ne sois mort? Mort d'ennui, très certainement. Sur le bâteau, il n'y avait presque personne. Le personnel de navigation était très ennuyeux : ils étaient tous très vieux, et personne ne souriait, ne chantait, ne riait, ne dansait, et même pire que tout, ne parlait. J'était enfermé dans une cabine terne et qui tombait en ruines, et il n'y avait personne avec moi. J'avais sauté sur le lit, mais ce jeu finit par me lasser au bout de 10minutes. C'était si triste...

Je suis alors sorti de mon triste refuge et suis monté sur le petit pont, où il n'y avait que l'équipage. Personne ne parlait, toujours pas... En faisant le pitre, j'avais attiré l'attention, oui mais rien que des "tsss" ou des "retourne dans ta cabine, crétin". Mais je ne suis pas un crétin. Dis maman, tu le sais? Et toi papa, je suis toujours ton enfant préféré? Votre seul enfant. Je suis un peu turbulent, oui, mais je suis pas méchant, vous, vous le savez. J'ai pas fait exprès, pour Monsieur le Docteur, c'est lui qui... j'ai rien fait...

Des petites larmes naissaient au coin de mes yeux, lorsque j'activais ma boîte à souvenirs. J'étais tout seul et enfermé, enfin, enfermé sur une île, mes pires craintes. En partant, ma maman m'avait dit entre deux sanglots que ce serait comme des superbes vacances, avec des gens "un peu comme moi". Et puis, Monsieur le Docteur, même s'il... enfin... je le connaissais depuis des années. Et puis mon papa ! Il m'achetait des petits gâteaux aux fruits, et des peluches toutes douces. Ils prennaient soin de moi. Moi, je suis encore un enfant. Et là? Il fallait que je me trouve un nouveau papa, et une nouvelle maman. Pas question d'être seul, voilà.

Sur cette dernière conclusion, je m'assis en tailleur, devant les grilles froides et sombres en fer noir. J'allais attendre que quelqu'un passe, pour que quelqu'un s'occupe de moi. Parce que seul...

J'étais arrivée hier. A peine une semaine auparavant, je prenais pour la dernière fois avant un nombre d'années pas encore définis touchant minimum les 25 ans, une bonne dose d'héroïne , finissant assez choutée pour me faire arrêter par ces foutus flics, qui généralement ne traînaient pas trop dans nos quartiers délabrés. Pas de chance! Ils étaient tombés sur moi, arrêtant l'un des nombreux collaborateurs par lequel la drogue passait, lui soutirant des noms. Au moins j'étais sûre que ce n’était pas Bob, vu que je l'avais aperçu le jour même. Ils ne l'auraient pas relâché. Mais quand même. J'en revenais pas, dans la merde où j'étais.

D'abord, la prison. Puis le tribunal. Je n'avais pas osé regardé mes parents mais j'avais entendu ma mère pleurer...Ca m'avait fait si mal. Je n'avais pas eu à me prononcer, quelle honte. Mon avocat commis d'office n'avait usé que d'une phrase mais de toute façon la sentence était déjà connue de tous. Les gens pauvres dans mon genre n’avaient aucune chance de s'en tirer idem, et puis, je n'avais pas de quoi payer l'amende, malgré la dernière vente. Et hop; embarquée pour l'Ile. Malgré le fait que je n'avais pas vraiment réalisé tout ce qui c'était passé, j'avais réussis à avoir le mal de mer.

Arrivée la veille, j'avais eut toute la journée pour m'installer, écouter et me conformer aux règles. Ce n'est qu'hier soir que j'ai tout réalisé. Ma vie qui n'avait jamais été bonne était désormais fichue. J'étais fichue. La nuit avait été baignée de larme et le réveil difficile. Mais maintenant que j'étais réveillée ça allait mieux. Enfin, c'est quoi, aller mieux? Un visage neutre avec pour le moins quelques cernes, je me baladais dans la cours. Je n'avais pas peur des gens qui m'entouraient, j'avais connu pire depuis ma naissance, et j'avais appris à surmonter la peur. Nous avions donc chaque jour du temps dehors et j'en profitais.

Apparemment il y avait du nouveau monde tous les jours. Les énormes grilles de fers montant jusqu'au ciel s'ouvrirent pour laisser entrer un gars plus vieux que moi à vu d'oeil, pourtant bizarrement habillé, qui avec son sac, j'assis en tailleur. Je ne souris pas pour autant, et me demanda simplement ce qu'il attendait. J'approchais alors, j'étais plutôt sociable dans mon genre, et les mains sans les poches, m'accroupis à sa hauteur en lui demanda comme j'aurais demandé à un enfant, donc, avec un ton plutôt doux (du à ma fatigue):

-Tu ne rentres pas?